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Eco-entreprise et éco-innovation: quelles perspectives ?

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Les éco-entreprises françaises se caractérisent par une très forte majorité de PME. Leur développement passe par l’innovation et l’exportation. Plusieurs types de financement sont disponibles, à différentes étapes de développement. Encore faut-il s’y retrouver surtout quand on est en permanence dans son cœur de métier et qu’on n’a pas beaucoup de temps à consacrer à ces démarches…

En France, les éco-activités(1) affichent un vrai dynamisme. Entre 2004 et 2012, leur production a augmenté en moyenne de 6,2% par an en euros courants, contre 2,8% pour l’ensemble de l’économie. Leur valeur ajoutée a crû en moyenne de 5,9% par an, contre 2,6% pour l’ensemble de l’économie.

Et leur balance commerciale affiche un solde positif d’année en année, avec une hausse moyenne des exportations de 7,1% par an contre 5,8% pour les importations. Par exemple, en 2012, elle s’élevait à 3,2 mrd €, principalement portée par l’exportation de « matières premières de recyclage ».

Cependant, dans sa note « Développer les PME vertes » présentée à Pollutec 2014, le laboratoire d’idées la Fabrique Ecologique pointe la difficulté des éco-PME françaises à croître suffisamment pour dynamiser les filières(2).

Il y voit plusieurs raisons : « aux problèmes rencontrés par les PME françaises de tous secteurs s’ajoutent, pour les éco-PME, des difficultés propres comme l’insécurité juridique dans des secteurs où la réglementation est omniprésente, une frilosité des investisseurs après la débâcle du solaire PV alors que les éco-activités sont souvent intensives en capitaux et la domination presque naturelle des ‘champions’ historiques de l’eau, des déchets ou des services énergétiques ».

Le « think tank » constate aussi que les éco-PME françaises se heurtent à un « véritable plafond de verre » et que, de fait, « trop peu viennent renforcer le tissu d’éco-entreprises de taille intermédiaire ». Ainsi le nombre d’éco-ETI ne dépasse pas la centaine contre plus de 10 000 pour les éco-PME alors qu’une simple « accélération de l’accès aux procédures pourrait faciliter leur émergence sans peser sur les finances publiques ».

Le constat est à peu près le même au niveau de l’OCDE. Dans son rapport 2014 en effet, l’institution souligne que, même si des progrès sont en cours avec, par exemple, la volonté affichée par la « nouvelle France industrielle »(3) d’ouvrir plus les dispositifs publics à d’autres entreprises que les seuls clients traditionnels de l’Etat, les grands groupes restent toujours les principaux bénéficiaires des soutiens publics tandis que les ETI bénéficient le moins des aides.

Du privé au public, quels sont les principaux investisseurs ?

Dans son Guide de financement des éco-entreprises 2014, le PEXE(4) dresse un panorama des principaux acteurs et dispositifs privés et publics sous forme de fiches synthétiques précisant le stade de financement concerné (amorçage, capital-risque, capital développement, capital transmission…).

Dans le secteur privé sont ainsi recensés une cinquantaine de fonds actifs (dont 20 exclusivement dédiés aux ‘cleantech’), une dizaine de réseaux de business angels et quelques banques ou organismes de financement participatif (‘crowdfunding’).

En 2013, le montant total des fonds déployés (319 M€) a été réparti dans 81 sociétés pour la plupart actives dans l’efficacité énergétique et les EnR. Il semblerait que l’amorçage ait repris cette même année mais il faudra attendre pour voir si cela se confirme comme une véritable tendance.

De leur côté, les pouvoirs publics proposent différentes formes de soutien : projets sélectionnés dans le cadre des quatre programmes d’investissements d’avenir gérés par l’Ademe (démonstrateurs en énergie décarbonée et chimie verte ; économie circulaire ; véhicule du futur ; réseaux électriques intelligents) ; projets structurants des pôles de compétitivité (PSPC) et prêts à l’industrialisation des projets collaboratifs (PIPC) ; outils liés à la labellisation par les pôles de compétitivité (ex. : FUI : fonds unique interministériel) ou encore financements génériques (appels à projet unique de l’ANR, financements au fil de l’eau par BPIFrance).

Pas moins de 320 M€ par an ont ainsi été engagés sur les cinq dernières années, auxquels il convient d’ajouter les 300 M€ du CIR.

Les collectivités proposent elles-aussi des aides importantes sous forme d’appels à projets, de fonds d’investissement régionaux, voire en abondant d’autres fonds. La question se pose toutefois de ce qu’il adviendra de toutes ces aides au moment du regroupement des régions (idem pour les délégations régionales Ademe et les services déconcentrés de type DIRECCT ou DREAL).

Des aides importantes sont également proposées au niveau européen. Mais, peur de la paperasse, peur des délais ou simplement méconnaissance ?, les entreprises françaises figurent parmi celles qui les mobilisent le moins…

Fin 2013, l’UE a regroupé le PCRDT, le CIP, l’IET(5) et Euratom en un seul programme de financement de la recherche et de l’innovation, Horizon 2020, qui se veut plus axé sur les PME. Doté de 79 mrd € pour la période 2014-2020, ce programme doit financer « des projets interdisciplinaires susceptibles de répondre aux grands défis économiques et sociaux » selon trois axes prioritaires : « l’excellence scientifique, la primauté industrielle et les défis sociétaux ». Une de ses premières avancées concrètes est le lancement, début janvier 2015, de ‘Fast Track to Innovation’, un nouvel instrument destiné à financer les projets collaboratifs de R&D proches du marché.

Quelles anticipations pour 2015 ?

Selon la 60e enquête semestrielle de conjoncture de Bpifrance Le Lab(6), l’exercice 2014 a été jugé meilleur que celui de 2013, en particulier chez les PME innovantes et exportatrices. L’industrie et les transports enregistrent les redressements les plus notables, le rythme moyen de leur progression tendant à se rapprocher de celui d’avant-crise.

Pour 2015, les PME (essentiellement PME exportatrices, PME de services et TPE) anticiperaient une légère amélioration des perspectives mais celle-ci serait encore trop fragile pour permettre de « débloquer les anticipations d’investissement qui restent sur un point bas ». Cela dit, selon l’étude, « les dernières évolutions (dont la forte baisse du prix du pétrole et la dépréciation de l’euro) pourraient contribuer à débloquer la situation, notamment au profit de l’investissement ». Rendez-vous en juin pour en savoir plus.

Hélène Bouillon-Duparc

Janvier 2015

1) Les éco-activités couvrent la protection de l’environnement (pollution de l’air, eaux usées, déchets, réhabilitation des sols et des eaux, bruit, nature, paysage et biodiversité) et la gestion des ressources (gestion durable de l’eau, récupération, maîtrise de l’énergie et énergies renouvelables).

2) Cette note est ouverte au débat collaboratif jusqu’à fin février afin de recueillir l’avis et les propositions des internautes (www.lafabriqueecologique.fr). La version définitive sera publiée en mai 2015.

3) Cf. la « Nouvelle France Industrielle » présentée fin 2013 et comprenant 34 plans dont plusieurs concernent plus ou moins directement l’économie verte. Ces 34 plans devraient être ramenés à une dizaine à terme.

4) Association des éco-entreprises de France (www.pexe.fr).

5) PCRDT : Programme-cadre de recherche et de développement technologique ; CIP : Programme-cadre pour la compétitivité et l’innovation ; IET : Institut européen d’innovation et de technologie.

6) Analyse de 4 631 réponses d’entreprises des secteurs marchands non agricoles.


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